La Haute Cour de Delhi a rendu, le 9 septembre 2025, une ordonnance importante dans l’affaire Aishwarya Rai Bachchan c/ AishwaryaWorld.com & autres.
L’actrice indienne, mondialement connue, dénonçait l’exploitation non autorisée de son nom, de son image et de sa voix, notamment à travers des deepfakes, des chatbots imitant sa personnalité et la commercialisation de produits à son effigie.
Cette décision retient l’attention car les litiges de ce type demeurent encore rares. Elle s’inscrit dans la continuité d’une autre affaire très médiatisée, celle du comédien Anil Kapoor (Slumdog Millionaire), où la même juridiction avait déjà protégé le droit à l’image contre des usages numériques abusifs.
La demanderesse reprochait à plusieurs sites et plateformes :
Elle dénonçait ainsi une stratégie de captation de valeur construite autour de son image et susceptible de faire croire au public qu’elle avait donné son aval à ces activités.
L’actrice a saisi la Cour sur plusieurs bases :
La Cour a accordé une injonction provisoire interdisant à tous les défendeurs d’utiliser, par quelque moyen que ce soit — y compris par intelligence artificielle et deepfakes — le nom, l’image, la voix et la ressemblance d’Aishwarya Rai Bachchan, tant à des fins commerciales que personnelles.
Elle a en outre :
La Cour a jugé que l’usage de deepfakes et de chatbots cause à la fois un préjudice économique et un préjudice moral, portant atteinte à la dignité de la célébrité.
Cette décision met en lumière plusieurs questions :
En citant expressément l’affaire Anil Kapoor, la Cour rappelle que la notoriété d’un artiste est un actif économique protégé et qu’aucune appropriation parasitaire n’est tolérable.
Cette affaire marque une nouvelle étape dans la protection des célébrités face à l’IA. Les juridictions indiennes se montrent particulièrement vigilantes contre la diffusion de deepfakes ou de contenus trompeurs exploitant la persona d’artistes mondialement connus. On peut anticiper que ce contentieux se multipliera, notamment aux États-Unis, où le right of publicity est déjà bien établi, et en Europe, où le droit à l’image et la lutte contre la concurrence déloyale constituent des bases juridiques solides.
L’affaire Aishwarya Rai Bachchan illustre ainsi la façon dont le droit tente de s’adapter à un phénomène nouveau : la fabrication artificielle de l’image par l’intelligence artificielle.