


Début novembre 2025, la Commission européenne a rendu public le Digital Package on Simplification, dans le cadre de son programme « A Simpler and Faster Europe ».
Cette initiative vise à alléger la mise en œuvre du règlement (UE) 2024/1689, dit AI Act, adopté le 13 juin 2024 et entré en vigueur le 1er août 2024.
Son ambition : réduire les charges réglementaires sans affaiblir les garanties éthiques et juridiques qui fondent le cadre européen de l’intelligence artificielle.
Consulter le texte européen en projet : European Commission - Digital Package on Simplification.
Le Digital Package on Simplification traduit une évolution pragmatique du modèle réglementaire européen.
Face aux difficultés d’application du AI Act, retards dans la désignation des autorités nationales, absence de standards harmonisés, lourdeur documentaire pour les PME, surcoûts de conformité, la Commission choisit d’adapter la mécanique juridique plutôt que de la réviser.
Ce réajustement intervient dans un contexte de fortes pressions industrielles et géopolitiques : plusieurs acteurs américains majeurs de l’IA ont plaidé pour un assouplissement du cadre européen, estimant que sa rigidité risquait d’entraver l’innovation.
Il est difficile de ne pas penser que le lobbying américain a exercé une influence réelle, mais cette orientation demeure cohérente avec une volonté européenne d’efficacité et de crédibilité.
Loin d’un recul, cette inflexion témoigne d’une maturité institutionnelle : l’Union européenne cherche désormais à conjuguer sécurité juridique, innovation et compétitivité, en transformant le AI Act d’un texte prescriptif en un outil de régulation vivante, capable de s’adapter à un environnement technologique en mutation rapide.
Le Digital Package on Simplification introduit des ajustements techniques ciblés, sans remettre en cause la structure du AI Act :
Le projet repose sur l’article 114 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), base classique d’harmonisation du marché intérieur.
Les ajustements proposés sont proportionnés, strictement limités à ce qui est nécessaire pour garantir la cohérence et la faisabilité du cadre réglementaire.
Ils s’inscrivent dans une dynamique plus large de rationalisation du droit numérique européen, visant à rendre l’ensemble du corpus législatif (AI Act, Cyber Resilience Act, Data Act plus lisible) cohérent et économiquement soutenable.

