Septembre 2025 restera une date singulière dans l’histoire de la musique : le personnage virtuel Xania Monet, conçu à partir d’une intelligence artificielle, a signé avec le label Hallwood Media un contrat d’enregistrement estimé à 3 millions de dollars.
Cet évènement n’a pas seulement déclenché un débat médiatique ; il a provoqué une onde de choc dans le monde juridique, en particulier pour le droit de la propriété intellectuelle appliqué à la musique.
Bien avant l’annonce du contrat, Xania Monet avait déjà conquis le public :
Ces données confirment que le phénomène n’est pas un simple buzz : c’est un véritable lancement commercial, soutenu par une audience massive.
Au-delà du chiffre d’affaires et de la curiosité médiatique, l’affaire Xania Monet pose une question fondamentale : le droit d’auteur, dans sa conception classique, est-il prêt à protéger, ou à encadrer, ce type de création hybride ?
Le droit français, fidèle à la tradition continentale, repose sur le critère de l’empreinte de la personnalité de l’auteur humain pour reconnaître une œuvre de l’esprit.
Or, dans le cas de Xania Monet, les éléments sonores (voix, mélodies, arrangements) sont largement issus de la plateforme d’IA Suno, tandis que l’apport humain principal, en l’occurrence celui de la poétesse et conceptrice Telisha Jones, se situe surtout dans l’écriture des paroles et la direction artistique.
Cela soulève plusieurs interrogations :
Le contrat signé avec Hallwood Media, d’un montant rarement atteint pour un artiste émergent, démontre que l’industrie investit déjà sur ces nouveaux profils.
Mais il révèle aussi l’ampleur du défi juridique : il ne s’agit plus seulement de céder des masters ou des droits voisins classiques, mais de garantir la traçabilité, la provenance et la licéité des éléments produits par l’IA.
Les prochaines négociations dans le secteur musical devront probablement prévoir :
Le droit européen de l’IA (IA Act) impose désormais certaines obligations de transparence et de documentation pour les systèmes d’IA, mais il n’a pas encore résolu la question de la titularité des droits sur les outputs générés.
Les chiffres spectaculaires du lancement de Xania Monet montrent pourtant que ces questions ne peuvent plus rester dans les marges du débat académique : elles concernent dès aujourd’hui les contrats, les investissements et la sécurité des transactions dans l’industrie musicale.
L’essor de Xania Monet marque peut-être le début d’une réorganisation profonde des règles du jeu dans la musique.
Il incite labels, plateformes de streaming, concepteurs d’IA et cabinets d’avocats à s’armer de nouveaux outils contractuels et d’une vision pragmatique pour concilier innovation technologique et respect des principes fondateurs du droit d’auteur.
La question n’est plus de savoir si l’intelligence artificielle entre dans le champ de la création musicale : c’est déjà le cas.
Il s’agit désormais de déterminer comment le droit accompagnera, ou limitera, cette mutation, afin de préserver la valeur des œuvres et la confiance des artistes comme des investisseurs.
Cet article est rédigé par un avocat spécialisé en droit français de la propriété intellectuelle. L’analyse qu’il propose repose donc sur le cadre juridique français et européen.
Pour toute appréciation précise du contrat d’enregistrement conclu entre Xania Monet et Hallwood Media, il est indispensable de consulter un avocat exerçant le droit américain, compétent pour interpréter le contrat et les règles applicables aux États-Unis.