


Décision 25-D-08 du 27 novembre 2025
Qwant est un moteur de recherche généraliste fondé sur la protection de la vie privée, qui utilise depuis 2016 la technologie Bing de Microsoft dans le cadre d’un contrat de syndication. Le modèle économique des moteurs de recherche repose sur la publicité liée aux requêtes, fournie principalement via Google Ads et Microsoft Advertising. Les moteurs de recherche qui ne disposent pas d’une technologie complète recourent à des accords de syndication pour intégrer des résultats organiques ou payants.
Google et Microsoft demeurent les principaux fournisseurs de syndication, même si d’autres acteurs (Brave, Mojeek, European Search Perspective) proposent désormais des offres limitées aux résultats organiques.
Saisie par Qwant, l’Autorité de la concurrence (ADLC) devait se prononcer sur une demande de mesures conservatoires visant Microsoft, accusé d’abus de position dominante et de dépendance économique dans les secteurs de la recherche en ligne et de la publicité liée aux requêtes. Qwant reprochait notamment à Microsoft des pratiques d’exclusivité, de ventes liées, des discriminations dans l’accès à la publicité et des restrictions entravant le développement de ses modèles d’IA.
L’ADLC estime que Qwant ne démontre pas que Microsoft occupe une position dominante sur un éventuel marché de la syndication. Elle relève en particulier que Google fournit aussi des services de syndication et qu’elle détient une forte position sur le marché de la publicité en ligne liée aux recherches, de sorte que cet opérateur exerce une pression concurrentielle significative sur l’activité de syndication.
Si les résultats fournis par Microsoft représentent une part importante du chiffre d’affaires de Qwant, les autres critères de la dépendance économique ne sont pas réunis. La notoriété de Bing reste faible comparée à celle de Google. Par ailleurs, Qwant dispose de capacités technologiques propres et a lancé en 2025 une offre de syndication conjointe avec Ecosia fondée sur sa propre technologie, ce qui confirme l’existence d’alternatives crédibles.
L’ADLC relève enfin que les pratiques reprochées à Microsoft (exclusivité publicitaire, ventes liées, discrimination, restrictions en matière d’IA) ne sont pas étayées par des éléments probants.
Faute d’indices suffisants d’abus de position dominante ou de dépendance économique, l’ADLC rejette la saisine au fond ainsi que la demande de mesures conservatoires.
Cette décision a été accueillie avec amertume par le directeur géneral de Qwant qui s’est exprimé dans les Echos :
« Le rejet de notre plainte est basé sur la thèse que Microsoft n'est pas dominant sur le marché de la recherche en ligne, contrairement à Google. Or, dans le secteur des moteurs de recherche alternatifs, il l'est bel et bien (…) Nous sommes extrêmement déçus par cette décision. A l'heure où la souveraineté numérique est sur toutes les lèvres, celle-ci renvoie un signal extrêmement négatif quant à toute initiative visant à s'affranchir de la dépendance des Gafam ».

