Le 10 mai 2025, quelques jours après son élection, le pape Léon XIV a expliqué publiquement le choix de son nom lors d’une allocution solennelle au Vatican. Ce choix, a-t-il déclaré, rend hommage à Léon XIII, auteur de l’encyclique Rerum Novarum (1891), qui posa les bases de la doctrine sociale de l’Église face aux bouleversements de la révolution industrielle.
En se plaçant dans cette lignée, Léon XIV envoie un signal fort : celui d’une Église attentive aux grandes transformations de son temps, et résolue à ne pas laisser l’intelligence artificielle s’installer dans un vide moral. À l’instar de son prédécesseur, qui dénonçait les excès du capitalisme industriel et plaidait pour une justice fondée sur la dignité humaine, Léon XIV semble vouloir ouvrir un nouveau cycle de réflexion, à la fois spirituelle et politique.
Les défis contemporains de l’intelligence artificielle sont nombreux et complexes : les biais algorithmiques et les discriminations systémiques qu’elle peut engendrer, les altérations de la vérité et les manipulations du consentement à travers les contenus générés, les atteintes aux droits de propriété intellectuelle et à la vie privée, ou encore le risque croissant d’aliénation de l’individu face à des systèmes qui orientent ses choix sans transparence.
Dans ce contexte, l’appel à une éthique concrète de l’IA prend tout son sens. Pour les entreprises, cela passe notamment par l’adoption de chartes internes de gouvernance de l’IA, outils à la fois juridiques, managériaux et éthiques. Ces instruments, loin d’être symboliques, deviennent des éléments structurants de la confiance numérique et de la compétitivité responsable.
En choisissant ce nom, le pape Léon XIV inscrit son pontificat dans une tradition sociale active, et semble ouvrir une voie de dialogue entre science, technique et conscience. Il appartiendra aux institutions religieuses, politiques et économiques de mesurer la portée de cet appel — et peut-être d’en prolonger les effets.